Que, jusque, lorsque, puisque, quoique, presque, quelque… qu’élider ?
Avec cette série de mots se terminant en -que, on hésite souvent sur l’élision graphique, c’est-à-dire sur le remplacement par une apostrophe du e final (et de l’espace qui suit) dans les cas où il n’est pas prononcé (ce qui exclut donc les cas de disjonction comme dans elle n’a que onze ans).
On peut diviser ces mots en trois groupes.
1. Élision généralisée : que, jusque.
Ces deux mots suivent la même règle générale que les mots me, te, se, le, de, ne : le e final s’élide à l’écrit devant tous les mots commençant par une voyelle ou par un h dit muet.
Je crois qu’il a poursuivi la route jusqu’au village qu’Hélène lui avait indiqué.
Les locutions avec que (parce que, bien que, etc.) se comportent comme que.
2. Élision prohibée : presque, quelque.
Pour ces deux mots situés à l’autre extrême, la règle est simple :
- Presque ne s’élide jamais, sauf dans le nom presqu’ile.
- Quelque ne s’élide jamais, sauf dans quelqu’un et quelqu’une.
Presque imperceptible dans la brume, la presqu’ile se profile à l’horizon.
Quelqu’un peut-il trouver quelque utilité à ce gadget ?
3. Élision recommandée : lorsque, puisque, quoique.
Les choses se compliquent avec ce groupe au statut intermédiaire. La règle traditionnelle veut que, dans ces trois mots, le e final ne s’élide que devant un petit nombre de mots. Les grammairiens s’entendent pour inclure dans cette liste les mots il, ils, elle, elles, on, un et une. Pour les autres mots, les avis divergent. Plusieurs grammairiens ajoutent à cette liste le mot en. Certains incluent aussi un ou plusieurs de ces mots : à, ainsi, aucun, après, avec, aussi, enfin.
Plusieurs reconnaissent que cette règle imprécise est souvent enfreinte (même dans les exemples des dictionnaires) et que la tendance de l’usage est vers une généralisation de l’élision sur le modèle de que et jusque. Cette généralisation est même recommandée par l’Académie française (dans sa Grammaire de 1932), par le Bon Usage de Grevisse et Goosse et par l’Office québécois de la langue française.
Nous considérons donc l’élision de lorsque, puisque et quoique comme étant toujours préférable dans les textes nouveaux.
Le correcteur d’Antidote recommandera ainsi d’écrire :
Puisqu’elle est jolie, quoiqu’onéreuse, on l’achètera lorsqu’on aura l’occasion.
(Si l’on choisit sciemment d’utiliser une forme non élidée, il faudra s’en tenir à ce choix dans un même texte pour des raisons de cohérence.)