Points de langue - 1 aout 2016 - 2 min

Ampérage à vérifier

Un utilisateur d’Antidote écrit :

Lorsque vous dites qu’ampérage devrait être remplacé par intensité, je ne suis pas d’accord. En électricité, on parle de voltage et d’ampérage. On peut demander quelle est l’intensité de courant ou quel est l’ampérage. Je ne peux pas demander quelle est l’intensité du convoyeur, personne ne saura de quoi je parle. Personne ne comprendra que je demande une lecture d’ampérage électrique.

Deux questions pertinentes sont soulevées :

1. L’expression ampérage est-elle à éviter ?
2. À défaut d’ampérage, quel équivalent proposer ?

Commençons par le deuxième point. En présence du mot ampérage, le correcteur d’Antidote (édition 9, version 3) affiche une infobulle proposant l’équivalent intensité et invitant à lire une explication plus détaillée qui propose notamment un deuxième équivalent possible : intensité de courant électrique.

Les explications détaillées de ce type offrent souvent une liste de plusieurs équivalents, alors que la brève infobulle de départ n’affiche que le premier équivalent de la liste.

La grandeur physique dont il est question est l’intensité de courant électrique, terme dont on trouve dans les ouvrages de référence plusieurs variantes plus ou moins longues :

intensité de/du/d’un courant électrique
intensité de/du/d’un courant
intensité
courant électrique
courant
I (notation scientifique : lettre i majuscule italique)

Selon le contexte, on pourra préférer les variantes les plus courtes pour leur maniabilité ou les plus longues pour leur précision et leur clarté. La variante intensité tout court peut s’avérer ambigüe dans certains contextes. La forme intensité de courant offre un bon compromis entre brièveté et clarté.

Revenons au premier point, soit le mot ampérage, qui dérive du nom de l’unité électrique ampère et qu’Antidote qualifie d’impropriété. Là-dessus, les ouvrages de référence ne sont pas tous en phase. Certains le mentionnent sans réserve particulière, le définissant comme un synonyme du terme intensité de courant électrique (ou d’une de ses variantes énumérées ci-dessus). Plusieurs considèrent son usage comme incorrect, au moins dans la langue scientifique ou didactique. On lui reproche d’entretenir une confusion entre la grandeur physique et une des unités utilisées pour la mesurer, l’ampère. Une grandeur physique étant indépendante de toute unité, il faudrait en principe éviter de lui donner un nom associé à une unité arbitrairement choisie. On fait souvent le même reproche aux termes voltage et wattage, qui sont dérivés de noms d’unités (volt et watt) et qui sont employés respectivement comme synonymes de tension (électrique) et de puissance. Voici comment ce principe est exprimé — mais aussi relativisé — dans la norme internationale ISO sur les grandeurs et unités :

Puisque les grandeurs sont elles-mêmes toujours indépendantes de l’unité dans laquelle elles sont exprimées, le nom d’une grandeur ne doit pas être le reflet du nom d’une quelconque unité correspondante. Cependant, il existe quelques exceptions à cette règle générale, telles que le terme anglais voltage. Le nom tension électrique, en français et dans de nombreuses autres langues, correspond au terme anglais voltage. Il est recommandé d’utiliser en anglais le nom electric tension lorsque cela est possible1.

L’intensité de courant est parfois exprimée en coulombs par seconde plutôt qu’en ampères, même si ces deux unités sont strictement équivalentes. Comparons ces exemples :

Nous avons mesuré un ampérage de 2 coulombs par seconde.
Nous avons mesuré une intensité de courant de 2 coulombs par seconde.

La première phrase n’est pas très heureuse, car elle semble mélanger les ampères et les coulombs par seconde.

Il serait encore moins recommandable de rapprocher ainsi des unités qui sont différentes non seulement par leur nom, mais aussi par leur valeur, par exemple le watt et le cheval-vapeur (qui vaut plus de 700 watts) dans la première phrase ci-dessous :

Le moteur développe un wattage de 500 chevaux-vapeur.
Le moteur développe une puissance de 500 chevaux-vapeur.

Cela dit, pour ce qui est de l’intensité de courant, comme elle est presque toujours mesurée en ampères, l’emploi du terme ampérage dans la langue non scientifique relève d’un phénomène linguistique assez naturel et compréhensible. À défaut d’être conceptuellement le meilleur, le mot est à la fois bref et clair, et il est devenu assez fréquent pour être toléré par certains ouvrages de référence.

Les explications données pour ampérage, voltage et wattage dans Antidote seront étoffées dans la prochaine mise à jour pour aider le rédacteur à faire un choix éclairé.


  1. Organisation internationale de normalisation. [Grandeurs et unités — Partie 1 : Généralités] (https://www.iso.org/iso/fr/home/store/catalogue_tc/catalogue_detail.htm?csnumber=30669), ISO 80000-1:2009(F), [Genève], ISO, 2009, annexe A.1, p. 33. 

Cet article a été concocté par
les linguistes d’Antidote

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